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39-45 Stratégie > Articles historiques > Pages d'Histoire > La Blitzkrieg (Guerre Éclair) 
Créé le : 26/1/2003
Auteur : Zeedap


La Blitzkrieg (littéralement : la guerre éclair)

"La légende et la réalité"

 

La blitzkrieg n'est finalement qu'un épisode dans la lutte éternelle de l'arme contre la cuirasse, et vient donc s'inscrire dans la recherche permanente visant à trouver l'arme capable de briser les défenses de l'ennemi.

Cette doctrine d'engagement trouve naturellement son origine durant la première guerre mondiale, où le cours de la guerre, et ses boucheries sans résultat, motiva la recherche de solutions pour briser le front et reprendre la guerre de mouvement. Ses outils (char, avion, communications) ont été inventés ou se sont développés également durant la Grande Guerre et des ébauches de cette tactique furent même mise en application, sans grand succès, les chars n'ayant pas encore acquis suffisamment de mobilité à cette époque. La graine était prête à germer.

L'entre-deux guerres fut le temps des théoriciens qui conceptualisèrent ce principe, à l'image des anglais Basil Liddell Hart ou General J.F.C. Fuller et, dans une moindre part du français Charles De Gaulle, lui même inspiré par le Général Eugène Estienne

Cette tactique rompt avec l'école traditionnelle qui veut un front large pour obtenir une percée profonde.  

 

On peut la décrire en quelques points

  • Stratégie offensive qui cherche à rompre rapidement le front ennemi, par une attaque  foudroyante et d'encercler par la suite les troupes ennemies sans se préoccuper des poches de résistance, qui seront réduites par le deuxième échelon, le plus souvent de l'infanterie traditionnelle

  • l'utilisation combinée d'armes mobiles et offensives tels que blindés (concentré dans des divisions blindées "Panzerdivisions"), artillerie et infanterie motorisées, le tout soutenu par des avions d'attaque au sol à l'exemple du tristement célèbre bombardier en piqué "Ju-87 Stukas".  Parfois même s'ajoutait un "enveloppement vertical" par des unités parachutées ou aéroportées. 

  • Le tout lié par un système de communication  à grande distance par la banalisation de la radio

  • Miser sur la vitesse, la surprise et sur l'impression "d'omniprésence" pour acquérir la prise d'ascendant moral sur un ennemi décontenancé, enfoncé, ou tourné et dépassé selon le cas. Cela requiert de la part des officiers audace et initiative, dans le cadre général des ordres reçus 

  • Sans oublier  des approvisionnements suffisants en matériels, munitions et carburant et ceci sur des lignes parfois distendues

 

Les principales campagnes issues de la BlitzKrieg


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1939 : Pologne (1er septembre au 2 octobre 1939)

L'attaque surprise, brusquée et sans déclaration de guerre, ne laissait aucune chance à la malheureuse armée polonaise. Ceci amplifié par la situation géographique de la Pologne de 1939 qui en fait un pays impossible à défendre : devant faire face au Reich au nord, à l'ouest et au sud. Mais aussi par une armée marquant une nette infériorité numérique, aux armements vétustes et n'ayant pas eu le temps d'achever sa mobilisation et sa préparation.

Leur petite aviation clouée au sol en quelques jours, les polonais, malgré leur héroïsme et leur courage, ne purent rien faire pour contrecarrer le plan allemand. Plan qui par une série d'attaques "marteau-enclume" concentriques réussi à détruire les forces polonaise. Et les charges de lanciers (cavaliers) contre le 19e Panzer.Korp, ou la résistance de Varsovie durant 14 jours ne purent pas éviter l'inéluctable.

Les choses s'enchaînent donc très vite, on peut admettre que le 18 septembre toute résistance organisée et centralisée a disparu. Le 17, c'est au tour des soviétiques d'attaquer la partie orientale en vertu des clauses secrètes du pacte Germano-soviétique de non agression. Reddition de Varsovie le 28 et le 2 octobre les dernières troupes se rendaient, la Pologne avait cessé d'exister.  

 




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1940 : Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, France (10 mai au 25 juin 1940)

Pour cette bataille les choses sont différentes, les forces en présence sont sensiblement égales en nombre et en qualité, les deux camps ont eu du temps, 8 mois de "drôle de guerre", pour se préparer.

La différence se fera sur la doctrine d'engagement, pour simplifier on peut dire que les allemands ont concentré leurs 3000 blindés en 3 paquets de 1000 en vue de concentrer leur attaque, alors que les alliés l ont éparpillé les leurs en 1000 paquets de 3, et n'ont que peu opté pour l'endivisionnement de leurs chars. Il faut aussi relever dans ce qui fera les faiblesse alliées, des concepts et un état-major quelque peu dépassés, une hiérarchie trop rigide, une organisation de l'intendance incompétente ; et peut être l'aspect le plus important un manque de moyen de communication moderne. Alors que chaque char allemand était équipé d'une radio et d'une communication directe avec l'avion chargé de le soutenir. Peu de radio équipaient les chars français et pire encore, toute demande de soutien aérien devait passer par une lourde voie hiérarchique, qui faisait que d'estafettes en intermédiaires, l'action était terminée lorsque les avions arrivaient.

La réussite de cette offensive tient aussi au (génial) plan du général Manstein. Ce plan, profite de l'idée générale que l'offensive allemande, à l'image du vieux plan Schliefen d'août 1914, passerait par la Belgique neutre. Pour attirer les meilleures troupes franco-anglaise en Belgique, pour ensuite les encercler par une percée sur le talon d'Achille du front français : les Ardennes, et par  un large mouvement blindé jusqu'à la mer.

Et ce plan sera mis en exécution et réussira au-delà même des espérances de l'État-major allemand. L'attaque brutale sur les Pays-bas et la Belgique neutre, l'arrivée des troupes franco-britanniques se portant à leurs secours, offrant une défense vaillante et même quelques contre-attaques remarquables, mais le manque de coordination inter-armée, la reddition des hollandais, malgré une défense furieuse, le 15 mai, la capitulation belge le 28 mai, ne permettent pas de retenir l'offensive allemande.

Parallèlement, le 13 mai,  le Général Guderian et son 19e Panzer.Korp (= 3 divisions blindées), lance son offensive dans les Ardennes et opère une percée à Sedan, en quelques jours le front est percé, plusieurs divisions français anéanties, il ne reste plus qu'à obliquer et foncer "sans s'occuper de ce qui ce passe sur les côtés" vers la Manche, qui sera atteinte le 20 mai, prenant au piège plusieurs centaines de milliers de soldats anglais et français, dont par miracle (ou calcul politique ?) près de 340'000 pourront être évacués par Dunkerque.

Cette phase de débacle vous est aussi présentée en détail dans cet article.

Cette première phase de la campagne achevée, c'est plus de 125 divisions allemandes qui, le 5 juin, reprennent l'offensive, mais les lignes de défense sont enfoncées sur tous les fronts et il ne restera plus que quelques unités pour opposer une résistance aux allemands, pour les retarder et sauver l'honneur de l'armée française. Le 14 juin Paris est prise, Lyon et Cherbourg le 19, l'avance allemande ne sera stoppée que par l'entrée en vigueur du cesser le feu le 25 juin ... les allemands sont à Bordeaux et Valence. Une période peu glorieuse de l'histoire de France peut commencer ... la collaboration.

 


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1941 - 42 : URSS (dès le 22 juin 1941)
Le 22 juin 1941, la Wehrmacht, attaque l'URSS, c'est l'opération "Barbarossa", dont le plan prévoit, en gros 2 phases :

Une première phase d'anéantissement entre juin et septembre, qui  grâce à des percées profondes se rejoignant à quelques 400 à 500 km de la frontière doit provoquer de gigantesques encerclements devant éliminer l'essentiel de l'Armée Rouge.

Sans attendre, les forces blindées et motorisées auraient passé à la seconde phase à savoir, profiter de la destruction de l'armée rouge, pour foncer et dépasser Leningrad, et Kharkov, tandis qu' au Sud, Bakou et son pétrole devrait être atteint. Et ce ci avant les grands froids, soit avant la mi-novembre et ainsi faire s’effondrer le régime soviétique acculé au versant de l’Oural.

Cependant, malgré des percées et des succès initiaux impressionnants, l’efficacité de la Blitzkrieg va cette fois trouver ses limites. L’immensité du territoire et l’allongement des voies de communication, la politique de terre brûlée de Staline et une armée rouge plus opiniâtre qu’escomptée, vont faire échouer ce plan, et bloquer la Wehrmacht encore loin de ses objectifs lors de l'arrivée du terrible "général hiver".

En résumé, pour la première fois depuis 1939 la Guerre-éclair n'avait pas atteint ses objectifs stratégico-politiques.

Hiver qui verra les premières contre-attaques Soviétiques, et feront subir des pertes énormes aux allemands,  pertes alourdies par l’obstination d’Hitler à tenir pied à pied sans permettre de repli tactique.

Le retour des beaux jours et l’année 1942, vit l’armée allemande reprendre l’initiative, et même connaître quelques succès sur le front sud, mais cette fois la lutte est âpre et la progression est méthodique, modérée et souvent chèrement payée … cette fois la blitzkrieg est … pour les allemands  … bien finie.

 

Autres campagnes

On peut aussi citer en exemple, comme produit de la Blitzkrieg, la campagne des Balkans qui vit les troupes allemandes conquérir la Yougoslavie et la Grèce entre les 6 et 26 avril 1941. Campagne qui retarda de 6 semaines le déclenchement de "Barbarossa", 6 semaines qui selon certains seront la conséquence de son échec.

Mais aussi la campagne d'Afrique du nord, ou la Blitzkrieg fut là utilisée autant par les allemands que par les britanniques, entraînant les nombreux aller-retours que l'on sait.

Elle changea ensuite de camp pour être reprise par des généraux comme Bradley, Patton ou Joukov.

On la retrouve aussi dans des guerres plus récentes, comme les guerres du Kippour ou "des six jours", qui sont indéniablement des applications de cette tactique.

 


Conclusions :

Il faut reconnaître les réussites incroyables du Blitzkrieg, qui fut à un moment donné, contre des adversaires en retard d'une ou plusieurs guerres,  une tactique originale et extrêmement efficace. Ceci d'autant qu'elle était mise en oeuvre par des professionnels tels que Guderian, von Kleist, Hoepner ou Manstein.

Par contre et comme beaucoup d'armes offensives, son efficacité va vite diminuer face aux réactions appropriées des adversaires et tout aussi vite devenir un idéal impossible à réaliser laissant ainsi la place au mythe.

Effet de mythe largement entretenu et grandi, par la propagande allemande qui l'utilisa pour faire passer l'idée d'invincibilité de l'armée allemande. Mais aussi par ceux l'ayant subi, car il est toujours plus aisé, d'imputer sa défaite à une tactique de l'ennemi plutôt qu'à ses propres faiblesses.