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Massacre de Katyn

Par Fernando Torres - Edition du : 31 May 2010 - Créé le : 31 May 2010


 
39-45 Stratégie vous propose pour enrichir vos connaissances et ne pas laisser tomber dans l'oubli de nombreux évènements de la seconde guerre mondiale, de découvrir ou redécouvrir les aspects oubliés (ou non) de ce second conflit mondial.
 
Voici, suite à l'évènement tragique ayant vu périr le président polonais et plusieurs autres officiels le 10 avril 2010 (crash d'avion à Smolensk), un petit récapitulatif des évènements qui allaient être commémorés, rédigé par notre collaborateur Fernando Torres.
 
Il faut savoir donc, que le président polonais allait en compagnie du président russe commémorer le 70ème anniversaire du massacre de Katyn, là encore un épisode tragique montrant que si, en cette année 2010, la Russie célèbre le 65ème anniversaire de "sa" victoire contre l'Allemagne "fasciste", on peut tout aussi bien leur répliquer :
 
"Avec qui étiez-vous en 1940, et surtout que faisiez-vous avant 1941 ?".
 

Denis_48

 
 
 
Image prise par notre rédacteur Carlier Denis (Denis_48), le 12 avril 2010, à Lipetsk en Russie, ville de la "grande banlieue" moscovite.
Cliquez pour agrandir.
 
 
2 jours après la catastrophe aérienne, ce mémorial a été improvisé par la population russe de Lipetsk en l'honneur du président et des officiels polonais décédés. A l'origine, et comme mentionné dessus, le mémorial rend hommage aux enfants morts durant la grande guerre "patriotique de libération" (la Seconde Guerre Mondiale).

 


 
Du pacte germano-soviétique au massacre de Katyn

 
  Le 23 août 1939, le monde stupéfait apprend la nouvelle. Les deux ennemis idéologiques, Hitler et Staline, ont signé un pacte de non-agression. Ultime coup diplomatique du dictateur nazi avant le déclenchement des hostilités, ce pacte scelle également le sort de la Pologne qui sera partagée un mois plus tard.
 
 

« Le pacte des diables »
 

 
Le pacte signé avec l’Union soviétique répond pour le IIIème Reich à un impératif lié à des considérations stratégiques. Théorisée par le Chancelier Bismarck et vécue durant la Première Guerre Mondiale, l’hypothèse d’une guerre sur deux fronts amène Hitler et son état-major à envisager toutes les options diplomatiques. Y compris celles qui paraissent incompatibles avec sa doctrine politique. En faisant de la Russie de Staline (l'URSS) un allié objectif, Hitler peut envahir la Pologne puis se retourner contre les Alliés occidentaux sans crainte d’une attaque soviétique.
 
Staline de son côté, qui a chargé le fidèle Molotov de négocier les termes du pacte avec le Ministre des affaires étrangères du Reich Joachim von Ribbentrop, espère sincèrement s'entendre durablement avec Hitler... Il refusera jusqu'à la dernière minute de croire à une attaque allemande contre l'URSS, et multipliera les signes d'entente cordiale avec Hitler, jusqu'à lui envoyer un télégramme de félicitations pour la prise de Paris et la victoire du Führer dans le cadre de la bataille de France.
 
On dira plus tard, pour se donner bonne figure, que Staline cherchait à donner à son armée le temps nécessaire pour se reconstituer et se remettre des purges de 1937-38...
Staline ne faisait par ailleurs à cette époque nullement confiance à la France et au Royaume-Uni.
N’ont-ils pas déjà abandonné la Tchécoslovaquie à son sort à Munich ?
 
Les tentatives de rapprochement initiées au début de l’année 1939 par les diplomaties alliées sont en outre trop timides et trop tardives pour convaincre Staline d’entrer en guerre contre l’Allemagne.
 
 
 

« La Pologne prise en étau »

 
Ce pacte contient, outre les termes des livraisons de matières premières de l’Union soviétique à l’Allemagne, un protocole secret établissant les frontières de leurs sphères d’influence respectives. A l’Allemagne l’ouest de la Pologne et la Lituanie, à l’Union soviétique l’est de la Pologne, la Finlande, l’Estonie, la Lettonie et la Bessarabie. Dès lors, à l’invasion allemande de la Pologne du 1er septembre 1939, l’Armée rouge fait écho en envahissant la partie est du pays le 17 septembre. Ultime coup de poignard, cette double invasion a raison de la Pologne qui succombe en un mois.
 
 

« Katyn, un massacre prémédité »

 
Le traité germano-soviétique de délimitation et d'amitié signé le 28 septembre 1939 stipule : « Aucune des deux parties ne tolèrera sur son territoire d'agitation polonaise quelconque qui menacerait le territoire de l'autre partie. Chacune écrasera sur son propre territoire tout embryon d'une telle agitation, et les deux s'informeront mutuellement de tous les moyens adéquats pouvant être utilisés à cette fin ».
 
C’est dès lors la question de l’occupation de la Pologne, et plus précisément des moyens de police déployés qui intéresse les historiens.
Le « massacre de Katyn » fait référence au meurtre de plusieurs milliers de Polonais (entre 15 000 et 22 000) essentiellement des officiers de réserve, des médecins et des membres de l’élite polonaise, par la police politique soviétique au printemps 1940 dans une forêt russe près de Smolensk. Cet ensemble d’opérations fait suite à la signature le 5 mars 1940 par les membres du Politburo d’un ordre d’exécution des « nationalistes et contre-révolutionnaires » polonais. Le massacre est supervisé par un NKVD militaire déjà rompu à cet exercice et dont les membres exécutent leurs victimes au bord de fosses communes.
En ce sens on pourrait comparer tout cela aux massacres des Waffen-SS.
 


 
 

« Un enjeu mémoriel »

 
Au-delà de cet aspect macabre, le massacre de Katyn participe enfin d’un enjeu mémoriel. Après la découverte en août 1941 d’un premier charnier contenant les restes d’une centaine d’officiers polonais par la Wehrmacht partie à l’assaut du territoire soviétique, Signal, l’hebdomadaire illustré de l’Armée allemande, publie des photos montrant l’exhumation des corps.
La macabre découverte est exploitée par la presse allemande pour nourrir la propagande anti-soviétique. Au printemps 1943, ce sont plus de 4 500 corps d’officiers polonais empilés dans des fosses qui sont mis à jour par l’occupant allemand. Radio-Berlin rend la découverte publique le 13 avril 1943 en accusant les Soviétiques. Ces derniers dénient deux jours plus tard toute responsabilité, accusant en retour l’Armée allemande d’avoir commis ces atrocités lors de son avance au cours de l’année 1941.
 
 
Objet de propagande, le massacre de Katyn devient un objet de lutte mémoriel entre Pologne et Union soviétique, cette dernière ne reconnaissant sa responsabilité qu’en 1990 par l’intermédiaire de Gorbatchov (ci-contre).
 
 
 
 
 

Fernando Torres