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Mistel

Créé le : 28/3/2004
Edition du : 24/7/2004
Auteur : Blacknights

En mars 1945, les artilleurs soviétiques qui défendaient la tête de pont sur l'Oder n'arrivaient pas à en croire leurs yeux. Au loin, une machine au profil bizarre leur était apparue. L'engin piqua à une vitesse incroyable, puis parut se briser en deux. La partie la plus petite vira brusquement et s'éloigna, mais la plus grande continuait de s'approcher. Les Russes, sans le savoir, allaient être frappés par la plus grosse bombe conçue par l'Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale : une bombe volante aux potentialités extraordinaires, telles que les décrivit un des pilotes allemands de l'époque : « Nous plongeâmes dans un piqué vertigineux qui nous lança à une vitesse approchant les 600 km/h. L'Oberfeldwebel qui se trouvait à la tête de la formation commença son approche finale et fonça du sud vers les ponts. Il accrut ensuite l'angle de son piqué et je le suivis. Je dus m'efforcer de maintenir la cible, un pont ferroviaire à Steinau, au centre de mon collimateur. »

 

   Voici la tête creuse du Mistel : 3tonnes d'exlosif, plus performante  et plus précise que le Tomahawk américain actuel

 

Sur les nerfs

« C' était la phase la plus critique de la mission. Lors de l'approche finale, il fallait tenir son avion solidement en mains. Le moindre écart aurait eu de graves conséquences sur les fragiles gyroscopes du pilote automatique qui contrôlaient l' énorme bombe volante sous mon avion. Nous avions pour habitude d'employer l'expression « voler sur les nerfs » pour désigner les attaques que nous devions accomplir sur des objectifs fortement défendus. Le point idéal de largage se situait à environ mille mètres de la cible À cette distance, la bombe volante pouvait difficilement rater l'objectif, mais la défense antiaérienne ennemie ne l'aurait pas ratée non plus. L'indicateur de vitesse marquait 600 km/h tandis que le Mistel poursuivait son piqué . Le pilote automatique continuait à fonctionner parfaitement et la bombe volante aurait pu évoluer sans personne pour la guider. Mais où était passé le terrible feu antiaérien ? Maintenant, je pouvais distinguer clairement le pont dans le moindre détail : une structure avec des travées en fer qui s'appuyait sur de solides piliers en béton. Pour être sûr de le détruire, même avec une charge offensive de trois tonnes, le Mistel aurait dû cibler exactement un des quatre piliers, ce qui aurait exigé une précision au millimètre et, surtout, beaucoup de chance. Je pouvais voir la partie du pont pointée par mon collimateur. Une légère correction me permit de faire coïncider parfaitement le réticule du viseur avec l'un des piliers. Maintenant ! Une légère pression sur la manette de largage et j'entendis le bruit sourd des boulons qui explosaient. Mon Bf 109 se trouva libre d'un coup et, après un brusque virage vers l'ouest, je me retournai pour regarder. »

OÙ EST LE PONT ?

« Une énorme colonne jaillit vers le ciel. Je ne pouvais savoir s'il s'agissait d'eau, de boue, de terre ou des lourds éléments du pont, car un vaste nuage de fumée recouvrait le tout. Mais j'eus alors autre chose à penser : les artilleurs soviétiques s' étaient finalement réveillés et s'étaient mis à tirer comme des fous. Tout à coup, un autre avion apparut sur mon flanc. Après un premier instant d'affolement, je reconnus le Bf 109 qui était placé au-dessus du Mistel de tête et ma peur la place à un immense soulagement. Tous les deux, nous levâmes dédaigneusement nos pouces en signe de victoire. Pas de problème ! Nous ne savions, ni l'un ni l'autre, où nous nous trouvions avec précision, mais nous étions tous deux de « vieux loups » : repérer et reconnaître une ligne de chemin de fer, une ville ou une route pour nous orienter ne posait aucun problème tant qu'il faisait jour. De surcroit, nous avions rempli avec succès notre première mission avec les Mistel ! »

L'assemblage ultime du Mistel : un FW190A-8 et un Ju-88H-4

L'idée d'un avion monté sur le dos d'un autre n'était pas nouvelle. Les Anglais avaient tenté d'utiliser un hydravion Short Mayo conçu à l'origine pour le service postal transatlantique. L'objectif de la Luftwaffe était légèrement différent. Pendant une grande partie de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne ne disposa pas d'un véritable bombardier lourd. Cependant, l'Oberkommando der Wehrmacht (commandement suprême de l'armée allemande) voulait désespérément frapper la base de la flotte britanniques Scapa Flowdans les îles Orcades. Or, un tel objectif exigeait un chargement énorme de bombes et le Mistel semblait apporter une solution. Un bombardier bimoteur sans pilote, rempli d'explosifs, aurait été guidé sur la cible par un avion plus petit fixé sur son dos. Les premiers essais eurent lieu en 1942.

En 1943, l'assemblage idéal fut trouvé avec l'association d'un vieux bombardier Junkers Ju 88 et d'un chasseur Fw 190 ou d'un Bf 109 sur le dos.Le pilote de chasse emmenait l'ensemble en utilisant les moteurs du bombardier jusqu'au moment du largage. Ainsi, les deux parties doublaient effectivement leur rayon d'action, celle du dessous parce qu'elle ne devait pas revenir, celle du dessus parce qu'elle n'avait pas à consommer de carburant lors de l'aller. Dans leur mission de bombes volantes, les Ju 88 étaient impressionnants. Ces machines furent en effet repensées afin de contenir une charge creuse de 3,8 tonnes dotée de fusées de contact très sophistiquées. Pendant les essais, la charge avait perforé sans aucune difficulté huit mètres d'acier et vingt mètres de béton armé renforcé. Les premiers Mistel devinrent opérationnels dans une unité spéciale de la Luftwaffe, le KG 200, en mai 1944. Cependant, l'attaque sur Scapa Flow dut être abandonnée lorsque le débarquement en Normandie offrit de nouveaux et plus urgents objectifs. Un certain nombre de missions furent exécutées, sans grand succès, contre les têtes de pont du débarquement. Les Mistel ne furent plus utilisés jusqu'en 1945, la situation de l'Allemagne étant devenue désespérée. Une attaque stratégique contre les centrales électriques aux alentours de Moscou fut planifiée puis abandonnée. Les Mistel furent alors employés pour ralentir l'avancée des armées alliées en détruisant des ponts. Pendant quelques courtes semaines, les Mistel parurent pouvoir accomplir des miracles quand ils réussirent à faire obstacle à l'avancée soviétique.Il ne s'agissait cependant que d'un succès provisoire : les ennemis étaient trop nombreux et l'impact des Mistel sur les opérations demeura négligeable..

 

 

 60 Mistel rassemblés au Danemark pour les préparatif pour une mission contre la flotte britannique basée à Scapa Flow, mission qui sera finalement annulée

 

Un des nombreux Mistel capturé par les Alliés à la fin de la guerre.

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